Je me suis vu offrir un coin à moi sur ce terrain bâti par ma jumelle et son fidèle.
« Ici, tu pourras dire les choses, si tu veux. Tes choses à toi.
-Tout ce que je veux ?
-Tout ce qui te plaira.
-Je pourrai parler de LUI ? Je pourrai parler de ça ?
-Oui. Tout ce que tu voudras. »
Le vertige devant tant de possibles.
L’envie de se répandre, d’abord.
Puis la pudeur, soudain.
Moi qui me la montre si facilement, habituellement.
Entre vulgarité et vulnérabilité.
« Regarde ma plaie, regarde ce qu’on a fait de moi,
Quand j’étais petite.
Puis grande.
Puis, maintenant à l’aube d’être vieille.
Regarde. Mais regarde donc ! »
Dois-je en parler vraiment ? Dois-je en parler pour de bon ?
Dois-je en parler autrement ?
Diagnostic : folle. Je les ai cru. L’ai placé sur mes épaules,
Tel un châle tricoté avec de la honte et de la confusion.
Une maille à l’endroit, une maille à l’envers.
Jusqu’à la frontière de ma personnalité.
Compose-t-on avec l’innommable ?
Décrit-t-on l’abject sans pointer des phalanges accusatrices,
Sans plonger ses serres dans le cœur de son enfance ?
Mes mots anonymes doivent avoir un sens.
Une résonance chez moi, puis chez les autres.
Sinon, je m’enfoncerai davantage dans ma désolation.
On écrit pour être lu.
Et on lit pour se reconnaître.
Et on se reconnaît pour valider qu’on n’est pas en solitaire,
À souffrir bêtement
À chercher comment… s’apaiser…
Oui, soulager en délestant
Pas en détestant.
Voilà comment je jouerai dans mon carré de sable :
Avec une pelle bleue et un sceau rouge
Et de vieux pots de yogourt ou de margarine.
J’empilerai la boue pour en faire des châteaux et des pâtés
Que je décorerai de cailloux, de pissenlits et de verres brisés.
Et quand j’en aurai assez
C’est moi qui passerai le râteau
Pour bien aplanir et faire disparaître.
Puis aller me coucher.
Dormir avec le bout du nez jaune
Et de la terre sous les ongles.
Je sais… c’est fou, hein ?
En tout cas, c’est limite…
À bientôt,
C.
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